Bilan de notre deuxième voyage au Japon

La première fois que nous avons mis les pieds au Japon, c’était en 2018. Quelques semaines avant la floraison des cerisiers. Cette année-là, les cerisiers étaient en fleurs deux semaines à l’avance et nous avons pu en profiter pleinement, à notre grande et agréable surprise.

Le Japon est un pays au coût de la vie élevée, mais le yen (la monnaie japonaise) est en chute libre. Nous profitons de l’opportunité pour y revenir en 2024. Nous pouvons nous permettre, grâce à dévalorisation du yen, de loger dans des hôtels, au lieu de chercher obligatoirement des airbnb.

Cependant, pour économiser quelques sous, nous décidons d’éviter la floraison des cerisiers et y aller deux semaines après, mi-avril 2024. Et là, surprise ! Il y avait une grande période de froid juste avant et les cerisiers ont 2 semaines de retard par rapport au calendrier.

La dernière fois, nous avons passé presque 2 mois entre Tokyo, Osaka et Kyoto. Cette fois, nous décidons de faire :

  • un road trip (en voiture) de 10 jours avec mes parents qui viennent exprès du Vietnam. Le road trip démarre et se termine à Tokyo et nous visitons le centre du Japon.
  • passer le Golden Week à Kyoto
  • quelques jours à Osaka

Par rapport au Kansai, les cerisiers fleurissent un peu plus tard et quand ils sont dans la montagne, ils ont entre 1 et 2 semaines de retard par rapport à Tokyo donc pendant tout le road trip, nous avons vu plein de cerisiers en full bloom. Nous qui pensions ne rien voir. Après en avoir vu de toutes les couleurs, nous concluons que les cerisiers avec des fleurs blanches sont les plus beaux, car les fleurs ont l’air plus grosses et plus « concentrées » que les cerisiers roses.

Un autre highlight très apprécie et très attendu est ce parc de glycines que je rêve de visiter depuis plusieurs années.

Vous avez le programme détaillé jour par jour de notre road trip ici, notre séjour à Kyoto ici et Osaka ici.

La conduite à gauche n’est pas un problème pour JB qui l’a déjà fait dans d’autres pays (Afrique du Sud, Nouvelle-Zélance, …), mais le Japon demande qu’on traduise le permis en japonais, malgré un permis international. Chose facile (on a expliqué ici comment faire en ligne). Nous n’aurions pas pu faire le même road trip en transport public, ou alors avec 3-4 jours en plus car certaines villes sont quand même moins bien desservies que d’autres.

Pour résumer, ce road trip a mis l’accent sur les arts traditionnels du Japon, à savoir :

  • la fabrication du papier washi
  • la cérémonie du thé
  • les geisha/geiko
  • la fabrication des éventails de Kyoto
  • la fabrication des daruma

Mes parents ont pu expérimenter pour la première fois une nuit (avec dîner) dans un ryokan traditionnel, puis une ville onsen dans un bel hôtel. C’est quand même marrant, le concept d’une ville onsen, un peu comme les villes thermales en France. Sauf qu’ici, l’eau est beaucoup beaucoup plus chaude et au lieu des robinets pour boire de l’eau de source, on a des bains de pied gratos partout.

Notre deuxième voyage au Japon nous a permis de voir le Japon comme il est vraiment et de moins idéaliser ce pays… qui mérite cependant d’être idéalisé.

Par exemple, il est toujours très agréable de penser qu’on ne risque rien. Le taux de criminalité est très bas. On peut arrêter de penser un moment à nos biens les plus précieux (portefeuille, smartphone). Il peut y avoir une longue queue devant les restaurants les plus populaires, mais JB dit qu’il préfère attendre longuement au Japon tout en sachant que PERSONNE n’essaiera de tricher, que de faire 3 minutes de queue en France et avoir 10 mecs qui jouent des coudes.

On peut toujours compter sur les trains japonais, ils sont toujours à l’heure. Nous avons pris le shinkansen deux fois et même si celui-ci roule moins vite que notre TGV, la ponctualité et la propreté du train nous ont absolument émerveillés. Sans compter toutes les indications, très faciles à suivre, dans les stations japonaises, y compris la station centrale de Tokyo, toujours pleine de monde.

Le service japonais est impeccable, ils sont souriants, polis, font toujours des exclamations trop joyeuses à entendre. Une fois, nous sommes allés dans un magasin pour touristes, avec des vendeuses chinoises et le service était digne d’un accueil parisien (c’est à dire exécrable), L’accueil a tellement déplu à JB qu’il m’a demandé d’acheter le produit dans un autre magasin (avec des vendeuses japonaises) car on n’a pas à subir ça ahahahha. Quand on s’habitue aux bonnes choses, c’est difficile de se contenter de moins. Une fois, dans une station d’essence en pleine campagne, nous avons été tellement bien servis par les employés que leur sourire était communicatif et nous quatre sommes sortis de cette station hyper hyper heureux. Imaginez la qualité de service incroyable pour qu’un plein d’essence soit devenu une expérience mémorable ! Dans les stations de train, les japonais sont équipés de tablettes pour mieux gérer la communication avec les touristes, et quand ils n’ont pas de tablette, ils ont une sorte de tableaux avec des mots-clés, comme ça on peut pointer sur « Osaka », « Kyoto », shinkansen, places réservées…. pour acheter nos tickets au comptoir. Alors que, sincèrement, ça aurait dû être à nous de faire des efforts et leur montrer Google Translate, que tout le monde a maintenant.

Bref, au Japon, quand les choses sont prévisibles, ou font partie du process normal, tout roule à la seconde près. Cependant, dès qu’il y a une demande un peu spéciale, les japonais sont complètement perdus, il y a très peu de flexibilité.

J’ignore si c’est la faute de Google Translate, ou c’est comme ça.

Par exemple, dès que nous arrivons dans un hôtel, le check-in est obligatoirement à 15h ! Pas une minute plus tôt. Il nous arrive des fois d’arriver à 14h50 ou 14h45 mais ils préfèrent nous faire attendre à la réception que de nous laisser prendre la chambre 10 minutes plus tôt.

Quand nous envoyons un colis jusqu’en France (un colis entre particuliers), c’est pareil. Ils demandent maintenant de lister la nature de chaque produit, par exemple on ne peut pas mettre « Cosmétiques x 2 », il faut préciser la nature du produit (1 crème à main + 1 concealer), et donner le numéro international de catégorie du produit. J’ai envoyé plein de colis depuis différents pays et c’est le seul pays où j’ai l’impression d’envoyer de l’uranium vers l’Iran.

Certains japonais trouvent l’accueil des étrangers tellement stressant qu’ils mettent un panneau dehors pour refuser poliment d’accueillir les étrangers, du genre « nous ne parlons que japonais et ne pouvons pas vous accueillir ». D’autres peuvent être plus agressifs et chassent les touristes en parlant japonais d’une manière agressive mais heureusement, lors de nos deux voyages, nous ne l’avons jamais subi, même en pleine campagne.

La flexibilité semble être dure pour eux et cela nous fait de la peine aussi. Ils veulent tellement bien faire mais des fois, leur définition de perfection ne correspond pas à la nôtre à ce moment précis. Par exemple, un vendeur de couette veut absolument nous filer son plus gros carton alors que nous ne voulons qu’un petit carton pour comprimer la couette et la ranger dans notre petit coffre de voiture. Ça se voit que ça le tue de nous voir avec un carton aussi peu adapté et à la fin, il a couru pour nous donner une protection en tissu, toujours énorme, mais au moins ça soulage sa conscience perfectionniste.

Ainsi, dès que nous pensons avoir besoin d’un truc spécial, nous nous réprimons et tentons de nous conformer pour ne pas avoir à expliquer 10 fois aux japonais pourquoi nous le voulons de cette manière et comment nous le voulons.

Par exemple, les japonais ont tendance à mettre 2-3 couches d’emballage même pour les plus petites choses. Une fois, on a acheté des mochis et non seulement chaque mochi était enveloppé individuellement dans du papier washi, mais le tout est dans une belle boîte qui est ensuite enveloppée dans du papier coloré + un sac plastique. J’ai toujours voulu refuser ce genre d’emballage mais j’ai trop peur de les vexer (ils font de très beaux emballages) donc je n’ose pas. Dans une société aussi peu flexible, le risque est de se conformer totalement avec le temps, et se laisser perdre sa personnalité car toute chose qui dépasse de la norme demande beaucoup trop d’effort. Les vêtements par exemple, c’est le même style partout, super large, façon Uniqlo, et très peu de couleurs. Même les marques internationales s’adaptent et ne vendent que leurs pièces « style japonaises » au Japon.

Cette fois, en étant dans les zones moins touristiques, nous voyons encore plus de japonais âgés que la dernière fois. Et beaucoup d’entre eux sont toujours en activité. A Singapour, on nous dit que les personnes âgées le font souvent pour le fun, pour rendre service à la société, mais au Japon, c’est plutôt pour gagner leur vie. La contrepartie de la propreté remarquable, de la qualité de service incroyable, … ce sont des gens qui travaillent dure et longtemps. Lors de notre voyage, on a voulu acheter des vêtements pour notre nièce (moins de 2 ans) et on est effaré de constater le peu de boutiques dédiées aux enfants !!! Même le week-end, on voit très peu d’enfants. Le taux de natalité est désastreux, la population japonaise vieillit et ça se voit.

La chute du yen est inévitable et sera probablement difficile à sauver, malgré les tentatives du gouvernement. Le Japon a perdu son soft power. Le tourisme au Japon reste attractif, mais on voit par exemple à Takayama, une ville pourtant touristique, le manque de main d’oeuvre. Quelques jours après un festival, nous devons faire plusieurs restaurants avant d’en trouver un disponible car ils sont trop épuisés et n’ont même plus d’ingrédients pour cuisiner ! Nos amis qui vivent au Japon, que nous avons revus à Kyoto, nous paraissent bien épuisés. Ayant très peu de vacances et de longs horaires, nous comprenons que la perfection japonaise a un prix.

J’espère que le Japon ne va pas suivre l’exemple de la Norvège. Quand la Norvège était richissime vers 2008, c’était vraiment l’eldorado, aucune criminalité, j’y ai vécu ma meilleure année pré-travail. Mais quand le prix du pétrole a commencé à baisser, la Norvège a perdu son côté peace & love, mes amis qui y vivent encore me le confirment. J’espère qu’avec les difficultés financières que le Japon fera sûrement face dans les années à venir, ils sauront montrer assez de flexibilité et d’ingéniosité pour s’en sortir.

[2024] Retour à Hanoi (Vietnam) : Cours de maroquinerie bis & Gastronomie
Quelques jours à Osaka (Japon)
    Anh

    Anh est franco-vietnamienne et a vécu dans de nombreux pays (Russie, Australie, France, Norvège, Vietnam). Elle aime par dessus tout les chats, le DIY et la bonne cuisine. Ayant une très bonne mémoire, Anh est capable de vous donner le tarif du petit bus pris entre le Chili et la Bolivie qu'elle a pris il y a 3 ans.

    Tous Mes Articles
    Write a comment

    Ce site utilise Akismet pour réduire les indésirables. En savoir plus sur comment les données de vos commentaires sont utilisées.